Lualaba : Les entreprises Chinoises notamment COMMUS, CCR et CARRILU, à quand la justice sociale ?
Par Timothée Prince ODIA
La province minière du Lualaba est qualifiée ce jour de l’entité pilote et poumon économique de la RDC suite à ses riches ressources minières. Ses richesses suicitent le regard des investisseurs du monde entier.
Peu d’entre ces investisseurs qui établissent leurs entreprises en RDC s’emploient à respecter les lois, droits et normes d’établissement et d’exploitation. Nombreuses par contre sont celles qui opèrent dans « l’illégalité », sans aucun respect du code de travail congolais.
Depuis environ un mois, la province du Lualaba est le théâtre d’une vague de soulèvements sans précédent. Les travailleurs des entreprises chinoises basées dans cette contrée en ont assez et le font savoir haut et fort. De Chengtun Congo Ressources SARL (CCR) à la Compagnie Minière de Musonoi (COMMUS) , en passant par la CARRILU, les employés dénoncent des conditions de travail inacceptables et une exploitation qui ne dit pas son nom.
Le mouvement a commencé chez CCR, où les agents ont exprimé leur mécontentement en brûlant des pneus et en demandant à leur employeur une amélioration des conditions sociales et salariales. Parmi les revendications, les frais de scolarité et les salaires de misère sont au cœur des préoccupations. Les travailleurs ne demandent pas des privilèges, mais des droits fondamentaux : la possibilité de vivre dignement de leur travail et d’assurer un avenir meilleur pour leurs enfants.
La colère ne s’est pas limitée à CCR. Les employés de COMMUS, une autre entreprise chinoise, ont eux aussi manifesté leur ras-le-bol, réclamant une augmentation des primes de nuit et d’ancienneté. Cette demande est loin d’être excessive ; elle est le reflet d’une réalité où les travailleurs peinent à joindre les deux bouts malgré des heures de travail épuisantes. Ici, le premier jour de la grève des gaz lacrymogènes et
des balles réelles ont été utilisés par des éléments de la police venue pour calmer la tension. Un agent a été grièvement blessé a la jambe droite. Des grévistes ont été contraint de reprendre leur travail bien que n’ayant aucune solution aux revendications.
Comme pour confirmer que les entreprises chinoises basées au Lualaba semblent partager les mêmes pratiques de gestion, les employés de CARRILU qui oeuvre dans la fabrication du ciment ont rejoint le mouvement avec des revendications similaires. Le message est clair : les travailleurs Lualabais sont unis dans leur quête de justice sociale et de conditions de travail décentes.
Face à cette situation, l’attitude de l’État congolais laisse perplexe. Incapable d’imposer des sanctions aux firmes étrangères qui exploitent ses citoyens, le gouvernement semble spectateur de cette crise. Pourtant, il est de sa responsabilité de protéger ses travailleurs et de s’assurer que les entreprises opérant sur son sol respectent les normes de travail et les droits humains fondamentaux.
Les manifestations des travailleurs du Lualaba ne sont pas simplement des épisodes de mécontentement passager. Elles sont le symptôme d’un problème plus profond : l’absence de régulation efficace et l’inaction d’un État qui devrait être le garant du bien-être de ses citoyens. L’exploitation des travailleurs ne peut être tolérée, et les entreprises qui profitent des richesses du sol congolais doivent être tenues responsables de leurs actes.
Les soulèvements au Lualaba sont un cri de détresse et de révolte. Ils rappellent à l’État congolais et aux entreprises étrangères que les travailleurs ne sont pas des ressources à exploiter, mais des êtres humains avec des droits et des besoins. Il est temps d’agir pour instaurer une véritable justice sociale et économique dans cette province riche en ressources mais appauvrie par l’exploitation. Le Lualaba mérite mieux, et ses travailleurs aussi.
La rédaction